Généalogie panoramique
COLIN
Renée
LIEU
Département
Né le : 21.07.1891 St Germain Village 27
Décédé le 24.03.1977 Espagne
Marié le 19.11.1911 Sainte Savine 10
BUSSINGER
Paul
   
Née le 15.06.1898 Mutzig 57
Décédée le 31.01.1947 ALG2RIE
Tableau N° 11-a Fiche N° 290-a Parents N°  

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Si l’histoire familiale n’est pas présente consultez celle du couple ancêtre en tête du tableau.

L’histoire familiale d’un couple sur font bleu avec (suite XX-x) est reportée sur la fiche du couple ancêtre du tableau concerné.



Histoire Familiale

 

- Renée COLIN
 
Renée, née le 21.07.1891, n'avait que 17 ans lorsque sa mère décéda. Sa sœur, Louise, l'accueillit un certain temps chez elle, à Sainte-Savine. Elle y rencontra Paul BUSSINGER, employé de commerce à Troyes, né à Mutzig le 15.09.1887. Ils se marièrent à Sainte-Savine le 19.11.1910.
 
En 1912, Renée était à Oran où elle avait suivi son mari. Elle y accoucha, le 24.01.191 ?, d'une fille, décédée en bas âge et inhumée dans cette ville. Par jugement du tribunal d'Oran en date du 05.11.1919, leur mariage fut dissous. Peu après, Renée s'établit à Barcelone et se lia avec Fidel QUERA dont elle eut un fils, également prénommé Fidel, né en 1920. A part quelques photos du père et du fils, je n'ai retrouvé aucun document de mariage et de naissance. Je ne peux me référer qu'à ce qu'elle écrivit le 01.01.1932 à son cousin Robert COLIN (2C12F, page  50) :
« Cela a été, pour moi, une surprise très agréable de recevoir ta lettre m'apportant de tes nouvelles.
Depuis l'époque que tu me rappelles où nous correspondions, il est arrivé beaucoup de choses, les unes agréables, les autres très désagréables. Mais enfin, c'est passé et il ne faut plus y penser. J'étais jeune alors et je prenais le temps et les choses comme ils venaient, sans y donner l'importance qu'ils devaient avoir réellement. Aujour­d'hui, je suis une dame vénérable, mère de famille, mais pas encore grand-mère, Dieu merci.
Chaque année j'ai l'intention d'aller en France, mais une fois pour une chose, une fois pour une autre, ce n'est jamais possible. Aujourd'hui, j'ai reçu une lettre de Louis (GEOLLOT), le fils de ma sœur Louise, lequel est marié et a une petite fille (Monique) de 3 ans. Il me dit qu'il compte sur nous cet été ; peut-être aurais-je ce plaisir d'aller revoir toute la famille et aussi mon vieux Pont-Audemer !
Je ne sais pas ce que la nouvelle année nous réserve, mais celle-ci (1932) finit bien mal. Mon mari vient, comme toi, de perdre sa place, à la maison Gaumont-Ciné où il était depuis 5 ans chef de ventes pour la machinerie, c'est-à-dire les installations de cinéma muet et sonore. La crise commence à se faire sentir sérieusement et beaucoup de grosses maisons, comme la maison Gaumont qui avait des succursales dans toutes les principales villes d'Espagne, des fabriques de tissus et de bonneterie, ferment aussi leurs portes et une grande quantité d'employés et d'ouvriers sont sans travail. La République s'est implantée ici sans perte ni fracas, mais il y a beaucoup de mécontents, pas assez d'union et un nombre infini de partis… et une ignorance !
Comme je te le disais donc, mon mari, Fidel pour les dames, se trouve sans place. Mais il est comme toi, il ne se décourage pas et veut travailler pour son compte, car il dit qu’il en a assez de travailler pour un patron des années et des années et se trouver ensuite à la rue. Heureusement que moi, je travaille beaucoup, de trop même, car il y a des jours où je suis bien fatiguée. Cet été, sur ordre du docteur, j'ai dû aller passer 2 mois au bord de la mer pour me reposer. Depuis 13 ans que je suis ici, je donne des leçons de français dans des maisons particulières. Ici, le français est très répandu et tous les enfants de maisons riches parlent couramment cette langue. Pour les examens, on l'exige également, alors il y a beaucoup à faire. Je commence le matin à 9 heures et je finis le soir à neuf heures et demi, car à la maison je donne des cours collectifs de huit à neuf heures et demi, pour des jeunes gens et des jeunes filles qui travaillent dans des bureaux et qui ont besoin de savoir le français pour faire la correspondance. J'arrive à me faire de bons mois, mais aussi je n'arrête pas de toute la journée.
Fifi, mon fils, va depuis l'âge de 7 ans à l'école allemande, et comme il en a 12 déjà, il parle allemand comme un petit boche, et naturellement le français car, à la maison, on ne parle que ça, malgré que mon mari soit espagnol. Fifi, bien évidemment, parle l'espagnol, sans oublier le catalan, puisque nous sommes en Catalogne avant d'être en Espagne, selon les Catalans.
Le petit va à l'école allemande pour cette bonne raison qu'ici toutes les écoles sont dans les mains des curés, et comme nous ne voulons pas en faire un curé !!! mais un homme qui puisse gagner sa vie avec une bonne instruction et qui sache plu­sieurs langues. Cette année, il a commencé l'Anglais. Avec ce bagage, il se débrouil­lera. Il lui manque encore un an pour terminer ses études. Le seul défaut de cette école, c'est qu'elle est chère, nous payons 200 pesetas par trimestre, et il n'y va que le matin de 8 heures moins le quart jusqu’à une heure après midi. Pour vous autres, ce prix vous paraîtra peut être peu, mais il faut considérer qu'ici un em­ployé qui gagne 400 ou 500 pesetas par mois est rare. Les ouvriers ne gagnent que 8 à 10 pesetas par jour; avec tout ça la vie est chère ! !
Je te souhaite donc, mon cher Robert, pour toi et ta petite famille, une bonne année, et que tu trouves une autre situation, bien vite, car avec trois enfants à élever, il faut en gagner, coûte que coûte ! Je vais écrire quelques mots à Maurice (2C9F, page 42). Il y a pas mal de temps que j'ai eu de ses nouvelles. Embrasse pour moi ma cousine Andrée (en réalité, Juliette, femme de Robert COLIN) et ses petits gamins dont j'aimerais avoir une photo pour les connaître au moins de loin. J'espère que tu ne resteras pas si longtemps sans m'écrire, parce que tu sais, je me fais vieille.
Fidel et Fifi se joignent à moi pour vous envoyer nos meilleurs vœux ; je t'embrasse comme autrefois. »
 
L'enveloppe de cette lettre indiquait comme expéditeur:
Renée COLIN-QUERA, Calle Salmeron, 84, 2°, 2a, Barcelone.
 
Selon les souvenirs de Monique GEOLLOT, épouse de Jean SCHUELLER :
« Fifi, le fils de Renée, engagé chez les Républicains, a été tué en 1938 sur l'Ebre, durant la guerre civile. Je me souviens très bien des larmes versées par ma grand-mère à cette nouvelle, car nous étions encore à Sainte-Savine dans la grande maison où je suis née.
Après ce drame, Renée s'est réfugiée à Marseille, pendant deux ans, chez une amie. Elle rentra en Espagne en raison des événements qui se préparaient en France. Ensuite, ce fut la guerre et nous nous sommes perdus de vue pendant de longues années. Ce n'est que longtemps après la libération que nous avons reçu de ses nouvelles.
En 1957, avec mon mari, nous sommes allés à Barcelone où j'ai fait la connaissance d'une charmante dame âgée de 80 ans, d'une grande érudition. Elle était heureuse de connaître sa petite nièce. Ensuite, nous avons toujours correspondu jusqu'à sa mort le 24.05.1977. »
 
Sur le registre d'état civil de Barcelone, il est inscrit :
RENATA COLIN-VASTINE (ce dernier nom est celui de sa mère, comme c'est la coutume en Espagne)
DEFUNCION, dia 24 de MAYO de 1977
Domicilio ùltimo : Barcelona Mayor de Gracia, 8h, 2°, estado ; Carara
 
 
 
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QUERA  Fidel et son fils
 

Renée COLIN était séparée de son mari, Fidel QUERA, bien avant que celui-ci ne décède, vers les années 1965



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